Évènement

On a vu « Disco, I'm coming out » à la Philharmonie de Paris, l'exposition la plus entraînante du moment

Du vendredi 14 février au dimanche 17 août 2025
Femme noire avec une coupe afro devant un fond bleu ciel
Née aux États-Unis au début des années 1970, la musique disco devient rapidement un phénomène planétaire. À rebours des clichés, cette exposition rend justice à la fulgurance de cette musique fortement ancrée dans l’histoire et la culture noires des États-Unis, héritière de la soul, du gospel et du funk. On a visité l'exposition et voici ce que l’on en a pensé.

De quoi ça parle ?

Un ensemble d’archives audiovisuelles, de photographies, d’instruments, de costumes, d’objets de design et d’œuvres d’art souligne la dimension politique et festive de cette musique qui a porté sur la piste de danse différentes minorités et classes sociales, toutes réunies dans un même élan hédoniste. Accompagnée d’une bande-son mixée par Dimitri from Paris, l’exposition insiste sur l’esthétique que le disco a suscité auprès des artistes et des designers.

L’avis de la rédaction

Après avoir plongé les visiteurs dans la culture hip-hop, puis dans la musique metal, la Philharmonie de Paris (19e) s’intéresse cette fois-ci au disco. Mais que l’on ne s’y méprenne pas : si l’exposition aborde évidemment cette musique sous le prisme de la fête, des paillettes et des boules à facettes, c’est sur son caractère militant et politique qu’elle met surtout l’accent, allant volontairement à rebours des clichés.
Née au début des années 70 dans les premiers clubs downtown new-yorkais, où se réunissent les communautés noire, latino et homosexuelle, la musique disco devient rapidement l’expression d’une certaine culture hédoniste, qui accompagne les luttes et les revendications brandies par les minorités, comme la conquête des droits civiques, la mixité raciale, la libération sexuelle, la défense du droit des femmes ou bien la visibilité homosexuelle.

Le disco, une musique émancipatrice pour les minorités raciales et sexuelles

Puisant ses racines dans la soul, le jazz, le gospel, la funk, les percussions latines et africaines, le bouillon musical que constitue le disco fait non seulement naître de nouvelles figures musicales, telles que le DJ ou la diva - avec sa voix puissante, ses hymnes à l'empowerment (notamment féminin) et ses tenues de scène extravagantes -, mais participe également à l’émergence de nouvelles pratiques culturelles, comme la danse individuelle et les sorties en discothèque. Bars, clubs, saunas : le disco, infiltré et diffusé majoritairement dans les lieux fréquentés par la communauté LGBTQ+, permute également avec l’idée de « safe places ». Une nouvelle ère émerge alors, documentée ici à travers diverses photographies qui transpirent la joie, la fête, l’émancipation et l’esprit de liberté.

Un mouvement libertaire controversé

Mais comme beaucoup de musiques populaires, le disco n’échappe pas à la récupération marketing, notamment impulsée par le succès du film La Fièvre du samedi soir, sorti en 1977, qui joue sur une certaine utopie libertaire plaçant au centre l’individu et la réappropriation du « soi ». D’underground à mainstream, la vague disco s’exporte à l’étranger et vient conquérir de nouveaux publics et d’autres continents : l’italo-disco pousse ainsi les curseurs du kitsch quand les artistes français, comme Sheila, Patrick Juvet ou encore Patrick Hernandez, plafonnent en tête des charts.
Aux États-Unis, les conservateurs prennent le disco en grippe, le jugeant trop superficiel, léger et décadent, avec la volonté d’invisibiliser les communautés noires et gay en toile de fond. L’expo nous relate d’ailleurs un événement méconnu du grand public : la « Disco Demolition Night » pendant laquelle, dans un stade de baseball à Chicago, des anti-disco ont été invités à brûler des milliers de vinyles la nuit du 12 juillet 1979 en scandant « Disco sucks ! » (« Le disco craint ! »).

Non, le disco n’est pas mort

Années Sida, récupération mainstream, politique reaganienne… La folie disco finit par s'essouffler, avant d’être réincarnée par une nouvelle génération d’artistes, comme les Daft Punk, Dua Lipa, Juliette Armanet ou encore Clara Luciani. Dans un esprit moins politique, certes, mais avec une énergie toujours aussi fédératrice.
Conçue comme un parcours labyrinthique, où chaque section explore une (boule à) facette(s) du disco, la scénographie mêle affiches, archives vidéo, photographies, vinyles, instruments de musique, objets d'art et costumes vintage, au milieu d’un décor 100% immersif où sont reconstitués piste de danse, carré VIP d’un club, studio d’enregistrement ou encore salle de concert. Sans oublier la playlist ultra entraînante qui nous accompagne tout au long de l’exposition, faisant danser petits et grands. Autant vous prévenir : dès le rideau argenté franchi, la bonne humeur est communicative et ne nous quitte pas ! Grincheux s’abstenir.
  • Durée de l’exposition : comptez un peu plus d’une heure

Mise à jour le 11/03/2025

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