Évènement

« Paris noir », l’expo lumineuse qui célèbre des artistes éclipsés

Du mercredi 19 mars au lundi 30 juin 2025
Tableau érard Sékoto, "Autoportrait", 1947
Le Centre Pompidou n’a pas encore tiré le rideau et nous le prouve avec cette expo géniale qui retrace l’influence des artistes noirs en France, de la fin des années 1940 jusqu’aux années 2000. « Paris noir » offre enfin la reconnaissance à des centaines d’œuvres longtemps ignorées.

De quoi ça parle ?

Cette expo met en lumière 150 artistes afro-descendants, de l’Afrique aux Amériques, dont les œuvres n’ont souvent jamais été montrées en France. Pourtant, ils sont les acteurs d’un Paris cosmopolite, lieu de résistance et de création. L’installation retrace un demi-siècle de luttes pour l’émancipation, des indépendances africaines à la chute de l’apartheid, en passant par les combats contre le racisme en France.

L’avis de la rédaction

Un héritage artistique enfin révélé

Si, comme nous, vous vous demandez où sont les artistes noirs dans les musées, le Centre Pompidou (Paris Centre) a la réponse. Si peu exposés et trop souvent éclipsés dans l’art, ces artistes retrouvent aujourd’hui la place qu’ils ont occupée dans l’histoire de l’effervescence du Paris artistique des années 1950. À cette époque, la capitale était un refuge et un foyer culturel pour de nombreux artistes noirs, comme James Baldwin, fuyant la ségrégation aux États-Unis. Peintres, penseurs, écrivains et sculpteurs noirs se retrouvaient dans les nouveaux repères d’un Paris bouillonnant : les écoles, les cafés et les galeries, où ils réfléchissaient à l’émancipation.
L’expo met en avant deux dates clés qui ont véritablement lancé cette période. Premièrement, la création de Présence africaine en 1947, une revue culturelle, puis une maison d’édition fondée par l’intellectuel sénégalais Alioune Diop. Devenue une librairie emblématique – toujours en activité – du Quartier latin, cette revue avait pour but de soutenir l’Afrique, pour que ce continent ne soit plus à la marge du monde. Elle revient également sur le Congrès des artistes et écrivains noirs à la Sorbonne en 1956, événement marquant de la pensée panafricaine et anticoloniale en France.

Paris, capitale culturelle

En partant de ces deux dates, « Paris noir », c’est donc une expo chronologique qui se déploie sur cinq décennies et qui suit tous les courants artistiques qui ont secoué le XXe siècle. Peintures, collages, photos, sculptures, archives vidéo, photographies, mais aussi musique avec l’influence du jazz, véritable versant révolutionnaire. Divisé en quatorze sections thématiques, on en prend plein les yeux… et les oreilles. Les œuvres lumineuses de Beauford Delaney se superposent aux collages abstraits de Luce Turnier (première femme peintre en Haïti), le tout sur une reprise de La Vie en rose, de Grace Jones. Et pour une visite encore plus immersive, le Centre Pompidou propose une série de podcasts créés pour l’exposition, à scanner puis à écouter gratuitement !
Car Paris, Ville Lumière, existe aussi grâce à ces artistes qui ont façonné la capitale comme un véritable foyer culturel, et un foyer de pensée anticoloniale. Le Centre Pompidou contribue donc à perpétuer l’héritage de ces artistes, injustement oubliés et effacés. Une expo qui pourrait ouvrir la voie à une plus grande visibilité des artistes noirs (on l’espère), encore bien trop marginalisés dans l’histoire de l’art.
Durée de l’exposition : 2 heures
Zélie B.

Mise à jour le 01/04/2025

À lire aussi

Vous ne connaissez toujours pas ?

Sélection des bons plans intemporels, mais qui valent le coup toute l'année !