Du 9 janvier au 1er février 2025, la Galerie Vallois présentera pour la troisième fois les œuvres de l’artiste béninois Makef. Son entrée à la galerie remonte à 2017, où il exposait aux côtés de l’artiste français Jean-Baptiste Janisset dans le cadre du programme Paris-Cotonou-Paris ; il revient ensuite en 2021, en duo avec son compatriote sculpteur Rémy Samuz. Makef, l’insomniaque signe sa première exposition personnelle à la galerie, dans l’espace du 41 rue de Seine.
De son vrai nom Fulbert Makoutodé Énagnon, Makef est né à Cotonou en 1967.
Son entrée à l’école est une révélation : il découvre en voyant le maître dessiner au tableau que les illustrations dans les livres ne sont pas faites par des machines. Dès lors, le dessin devient une passion qui ne le quittera plus. Devenu adulte et père, il retrouve le monde scolaire qu’il a tant aimé à travers ses enfants et a l’idée de se servir de leurs cahiers pour dessiner, intégrant leurs écritures et dessins dans ses propres créations. Comme il est insomniaque, il dessine la nuit et entame en 2013 une série d’œuvres uniquement au stylo bille noir, remarquable par la minutie du trait, un grand sens de la composition et surtout par l’intensité lumineuse de l’encre et la force du contraste noir et blanc, adouci çà et là par les dessins au crayon de couleurs des enfants.
Très inspiré, il remporte le défi qu’il s’est fixé d’en produire 100.
Cette suite s’intitulera Mes nuits insomniaques et quelques jours d’errances ou Mes insomniaques et nuits nomades.
Observateur attentif, Makef se fait l’encyclopédiste de la société béninoise. Avec une économie de moyens et un sens de la synthèse admirables, il s’attache à en représenter les multiples contrastes. Alternant scènes de la vie privée et de la vie publique, il décrit de façon très savoureuse le quotidien d’un pays à la fois ancré dans la tradition et gagné par la modernité. On découvre à travers son regard l’importance des métiers artisanaux, de l’économie de l’élevage et de la pêche. On constate la prégnance des religions, au premier rang desquelles le vaudou. Parallèlement, l’artiste évoque aussi les réseaux sociaux et l’aspiration au consumérisme.
Il fait œuvre de moraliste, dépeignant vices et vertus. Au-delà des spécificités culturelles, c’est l’humanité tout entière qui est au cœur de l’œuvre de Makef qui porte sur cette tragi-comédie un regard tour à tour tendre et critique, amusé souvent.
Au-delà de la peinture du réel, Makef poursuit une méditation sur les étapes de la vie, la question de la famille, la transmission, la foi. Il y a chez lui une dimension philosophique et spirituelle profonde, un vertige existentiel. Est-ce accentué par le fait de travailler la nuit ? L’artiste a un goût prononcé pour le mysticisme et le surnaturel, alimenté par la culture vaudou, donnant à voir un univers énigmatique fait d’invocations, d’apparitions et de métamorphoses, qui tend parfois vers l’abstraction.
D’une grande curiosité, Makef est un artiste qui a beaucoup lu. En 2019, il a effectué une résidence de création à l’École Nationale Supérieure d'Art de Dijon. Makef expose très souvent au Bénin, dans plusieurs pays d’Afrique, ainsi qu’en Europe. Ses œuvres sont notamment présentes dans les collections de la Présidence du Bénin.