A l'occasion de la parution de la biographie "Marguerite Durand, lutter par la presse" de Lucie Barette, découvrez la vie hors normes de la journaliste, patronne de presse et militante pour les droits des femmes et des animaux, à partir des archives et objets lui ayant appartenu, aujourd'hui conservés dans la bibliothèque féministe qu'elle fonda en 1932.
Née le 24 janvier 1864 dans une famille de la bourgeoisie,
Marguerite Durand, après des études au Couvent des Dames Trinitaires, entre au
Conservatoire, puis à la Comédie
Française, où elle interprète avec succès des rôles d’ingénue. En 1888,
elle abandonne le théâtre et épouse le jeune et brillant député et avocat
Georges Laguerre, fervent partisan du Général Boulanger. Marguerite Durand, que
l’on surnomma « la muse du boulangisme » fait ses premières armes de journaliste à La Presse que dirige son mari.
En 1891, elle se sépare de lui et entre au Figaro, où elle
crée la rubrique « Courrier ». Son journal l’envoie au Congrès Féministe International de 1896
pour écrire un article humoristique… qu’elle n’écrira jamais :
enthousiasmée par les femmes qu’elle entend et par la justesse de leurs
revendications, elle décide de créer un
quotidien qui serait leur tribune.
Ainsi naît La Fronde, qui de 1897 à 1905, fut
entièrement rédigée, composée, administrée et dirigée par des femmes. Séverine,
Marcelle Tinayre, Pauline Kergomard, Lucie Delarue-Mardrus, Andrée Viollis,
Clémence Royer et des dizaines d’autres, inconnues aujourd’hui, mirent leur
talent au service de la cause des femmes dans ce journal qui se voulait un
grand quotidien d’information générale.
Les campagnes de La Fronde obtinrent pour les femmes quelques
nouveautés : possibilité d’être admise à l’Ecole des Beaux-Arts,
d’assister aux débats parlementaires, de recevoir la Légion d’Honneur,
d’accéder au Barreau, etc.
Marguerite Durand continue
sa carrière de journaliste en créant L’Action
(1905) puis Les Nouvelles (1909). En 1907, elle organise un congrès
pour la création d’un Office du Travail
Féminin. En 1910, elle lance l’idée d’organiser des candidatures féminines aux élections législatives et se présente
dans le 9° arrondissement ; en 1927, elle posera sa candidature aux élections municipales au sein du parti
républicain-socialiste. Sa vie durant, elle s’intéressera au sort des employées
et des ouvrières, créera plusieurs syndicats,
dont celui des femmes typographes.
Il faut encore citer à son actif l’organisation du Congrès des Droits des Femmes lors de
l’Exposition Universelle de 1900, celle d’une marche pour le droit de vote des femmes en 1914, d’une exposition sur les femmes célèbres du 19°
siècle en 1922, et la création de la résidence
des femmes journalistes à Pierrefonds, dans l’ancienne maison de son amie
la journaliste Séverine. Elle a également fondé le cimetière des chiens d’Asnières en 1899 et est restée toute sa vie
une ardente défenseuse de la cause animale.
Grande figure du féminisme de son temps, Marguerite Durand eut
toujours le souci de collecter et de conserver documents et archives relatifs à
l’histoire des femmes et à leur rôle dans la société et tous les domaines
d’activité. En 1931, elle fait don à la ville de Paris de l’ensemble de ses
collections, créant ainsi le premier Office
de documentation féministe français. Elle en fut la directrice jusqu’à sa
mort, le 16 mars 1936, à l’âge de 72 ans.
La bibliothèque
Marguerite Durand témoigne aujourd’hui encore de son engagement et de sa
réussite.